La fuite, seule solution de survie ? [Nolan]

L’effroi. L’anxiété, la peur. Ce mélange d’émotions qui se cristallise, forme une boule qui tient aux tripes et finit par ne plus quitter un être. J’étais aux prises avec ce mal être qui m’avait instinctivement influencée à fuir. En effet, cette mésaventure un peu trop collée serrée que j’avais écourtée, ce coup que j’avais porté serait fatal pour ma survie dans le groupe que nous formions avec ces deux criminels que j’avais suivi, pensant survivre plus facilement. Ils pensaient que j’étais des leurs, la pyromane de Charlotte. Les larmes me montaient presque aux yeux quand je repensais à cet épisode. Une préjudiciable erreur qui n’a jamais connu la vérité puisque l’apocalypse a débarqué avant que je puisse prouver mon innocence. J’avais fui après le procès par peur d’un emprisonnement injustifié, j’avais fui l’Us Marshall par peur de ce que cela impliquait malgré le début de la fin, j’avais fui mon groupe car un connard sans vergogne avait cru que la fin justifie vraiment les moyens et que j’étais consentante pour partager son morceau de tronc d’arbre pour passer la nuit. Soit, j’avais des vivres mais il me manquait de l’eau et il me fallait également des provisions. Je longeais un ruisseau depuis que j’étais sortie de la forêt, pensant approcher un village ou autre, quelque chose de concret. Quel ne fut pas mon ennui lorsque je débouchais sur un petit lac. Observant les alentours, l’endroit semblait sûr bien qu’on ne soit sûr de rien en ces temps-ci…Ainsi, je laissais glisser mon sac de mon épaule, m’agenouillai près de la rive pour exploser mon reflet de mes mains qui, cerclées d’eau, la projetèrent sur mon visage fatigué. Pourtant, le sabre restait soigneusement posé à mes pieds, surtout lorsqu’un bruit sourd gronda non loin…

Ruminer, repenser au passé pour sombrer, cela n’a jamais été mon truc. Pourtant, je suis en train de me dire que tous ces efforts ne valent rien. Je ne retrouverai jamais les miens, retourner à Charlotte est utopique et rester innocente encore moins. Après avoir volé ma vie, mon collègue venait de me jeter en pâture dans un monde où je ne pouvais évoluer. Ce n’était pas sa faute, il n’était pas au cœur de l’apocalypse mais, aujourd’hui, j’avais envie d’en vouloir à quelqu’un. Juste pour une fois, médire, être mauvaise. Ce monde n’est guère fait pour moi, je ne suis pas fragile mais je suis trop optimiste pour être réaliste. Le monde se meurt, les gens meurent et chaque fois, c’est une part de mon innocence qui s’envole. Je n’accorderai plus ma confiance, c’est un fait et je deviendrai poussière, mangée par un ces cadavres ambulants car j’aurais été trop bonne et me serais, ou me suis, pour être exacte, retrouvée seule. Le bruit sourd s’intensifia puisqu’il fut accompagné de coups de feu. Je me redressai instinctivement, prenant mon harpon contre moi. Mon sabre lové contre mon dos dans son étui, le sac à même le sol, les idées embrouillées, j’avançais vers la scène. Non pas pour mourir mais car il m’avait semblé reconnaitre une voix…une voix humaine, des pleurs. Et, en pauvre innocente qui préfère préserver les autres que sa propre vie, je me retrouvais face à deux puants et cette famille prise au piège. Ah non, ils étaient trois, la famille des puants. La famille humaine, à une dizaine de mètres de moi était en difficulté et je trouvais judicieux de héler assez fort : « ramenez-vous les moches, faut vous refaire le portrait. » Je n’étais point d’humeur à plaisanter et ma morosité s’était transformée en peur. Elle me prenait les tripes, descendait jusqu’à mes entrailles qu’elle tordait dans tous les sens. Mes membres tremblaient. Pourtant, je clignai des yeux et soufflai un bon coup. Ils n’étaient que des flammes, des flammes à viser au jet d’eau. Les deux qui s’étaient ramenés à la fin s’avancèrent vers moi dans un râle sans queue ni tête. Je lâchai le harpon sur le sol, peu assurée de savoir m’en servir correctement et dégainai ma seconde arme. Je sentais déjà la nausée monter face à ce qui m’attendait comme dessein mais je ne pouvais stopper mon acte. Ils n’étaient plus humains, ne cessai-je de me répéter et leur salut serait meilleur grâce à moi. Je plantai l’arme en pleine poitrine du premier qui tenta de se jeter sur moi, je l’esquivai avec peine mais ma condition physique, grâce aux entrainements quotidiens des pompiers me sauva. Il tenait toujours debout et je visai la tête. Une fois au sol, je m’acharnai sur son corps tout entier pour qu’il y reste et l’autre choisit de venir par derrière. Heureusement, s’ils sont endurants et perfides, ils ne sont pas intelligents ni discrets. Le bruit aussitôt décelé, je fis volte-face et le repoussai d’un coup de pied. Il trébucha sur le harpon et, comme pour le premier, je le rouai de coups de sabre, assez désordonnés. Ils semblaient bels et bien hors d’état de nuire mais je décapitai quand même leur corps, question de sécurité. Courant vers la famille humaine, je voulais voir ce qu’il s’était passé lors de mon altercation pour eux en priant qu’ils soient toujours de ce monde.